La CEDEAO valide sa Directive Régionale sur les évaluations sexospécifiques dans les projets énergétiques

Les experts en énergie de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont validé et adopté la directive de la CEDEAO sur les évaluations sexospécifiques dans les projets énergétiques, au cours d’un atelier de trois jours qui s’est tenu du 26 au 28 juin 2017 à Accra au Ghana. L’atelier a été organisé par le Centre de la CEDEAO pour les Energies Renouvelables et l’Efficacité énergétique (CEREEC), en collaboration avec le Département des Affaires Sociales et du Genre de la CEDEAO, le Département de l’Énergie de la CEDEAO, le Département Juridique de la CEDEAO, la West African Power Pool (WAPP), l’Autorité de Régulation Régionale du secteur de l’Électricité de la CEDEAO (ARREC), l’Autorité en charge du Projet de Gazoduc de l’Afrique de l’Ouest (APGAO) et l’Unité de Préparation et de Développement des Projets d’Infrastructure (PPDU), en partenariat avec l’USAID / Africa Power et le Centre des Solutions d’Énergie Propre.

C’est une réalisation très importante pour la promotion des droits de la femme dans le développement du secteur de l’énergie. La directive a pour objectif de garantir que les personnes vulnérables et marginalisées ne soient pas exclues en tant que parties prenantes et bénéficiaires du développement des infrastructures énergétiques tout en s’assurant que les intérêts spécifiques des femmes et des hommes soient pris en compte dans l’élaboration de projets; que les impacts négatifs et discriminatoires potentiels sur les femmes ou les hommes provenant de projets soient reconnus et évités ou atténués dans la mesure du possible; l’amélioration de la transparence dans les processus de planification et de mise en œuvre pour promouvoir et accroître la capacité et la participation des femmes et des hommes notamment, mais sans se limiter, les usagers, les employés, les responsables, les investisseurs, les autorités et autres parties prenantes; et d’encourager l’élaboration de politiques harmonisées, de cadres juridiques réglementaires et de stratégies opérationnelles dans chaque état membre et pour que les institutions de la CEDEAO soient conformes aux principes pour atteindre les objectifs de la directive, tout en imposant le moins de barrières financières et administratives possibles aux promoteurs, aux autorités compétentes et d’autres parties prenantes.

Lors de la cérémonie d’ouverture, le Ministre de l’Énergie du Ghana, l’Honorable Boakye Agyarko, qui était représenté par M. John Nuworklo, Directeur de la Production et du Transport, a souligné que les projets d’infrastructures énergétiques n’impactent pas nécessairement les hommes et les femmes de la même manière que les questions de déplacement et de réinstallation; les opportunités d’emploi; la violence basée sur le genre. L’exposition aux conditions de travail dangereuses a des conséquences différentes sur la vie des hommes et des femmes dans n’importe quelle communauté. Il a noté que pendant des années, l’accent a été fortement mis sur le développement des infrastructures  d’abord, en espérant que le développement économique et social s’en suive automatiquement sans vraiment penser au processus. Selon ses propos, « Ce que nous avons constaté, en conséquence, ce sont des projets d’infrastructures qui ont dégradé l’environnement, induit la perte des moyens de subsistance des populations qui sont déjà pauvres et ont creusé le fossé des inégalités sociales entre les hommes et les femmes, avec celles-ci qui paient le plus lourd tribut. » Il a terminé son discours, en soulignant que « la directive régionale fournit aux états membres de la CEDEAO un cadre pour sortir ses pauvres de la pauvreté en veillant à ce que les personnes vulnérables affectées par le projet dans les communautés soient protégées et prises en charge de manière adéquate, que les indemnités soient distribuées de manière équitable, que des emplois soient créés pour les hommes et les femmes et que les droits humains en général sont respectés ».

Le représentant de la Commission de la CEDEAO, l’Honorable Morlaye Bangoura, Commissaire à l’Énergie et des Mines, a noté que la directive va s’assurer que, avant la création ou la mise en place de projets énergétiques, les promoteurs vont évaluer les impacts du projet sous le prisme de l’égalité entre les sexes. Outre l’application, la directive conduira à un changement grâce auquel les promoteurs de projets énergétiques vont évaluer les projets par rapport au nombre de femmes et d’hommes qui pourraient être touchés par: 1) le déplacement de leurs terres; 2) la perte ou détérioration de leurs moyens de subsistance; 3) les emplois créés par le projet; ou 4) qui profitent des  produits et services énergétiques, entre autres facteurs. Il a également noté que la directive fera en sorte que certains projets énergétiques transfrontaliers, financés et / ou mis en œuvre par les institutions de la CEDEAO, épousent ces mêmes principes.

Selon le Directeur Exécutif du CEREEC, Mahama Kappiah, l’application et la mise en œuvre de la directive régionale au niveau national garantiront que le genre sera pris au sérieux plus que jamais dans les projets énergétiques. Il a en outre noté que l’instrument juridique fera en sorte que la Communauté passe de vagues promesses d’intégration du genre à la réalisation d’actions concrètes qui sont visibles, mesurables et peuvent être suivies.

Saluant l’initiative de la CEDEAO, le Directeur Régional Afrique de l’ouest de USAID / Power Africa, Alex Deprez, a déclaré que « l’effort du CEREEC visant à promouvoir l’intégration du genre dans le secteur de l’énergie contribuera à la réalisation des objectifs de transformation du secteur de l’énergie en Afrique. »

En outre, Rachel Kyte, Chef de la Direction et Représentante Spéciale du Secrétaire Général de l’ONU à l'Énergie Durable Pour Tous a noté que : « Offrir des services énergétiques abordables, fiables et propres aux populations les plus marginalisées du monde nécessite un changement de mentalité, de modèles d’entreprises et de prise de décision. Cet exemple de leadership ouest-africain permet aux femmes de prendre des décisions liées à l’énergie. En nous concentrant sur les personnes qui ont été exclues du secteur de l’énergie par le passé et en les plaçant devant la scène, nous restons fidèles à notre engagement, dans le cadre des Objectifs de Développement Durable, de ne laisser personne en rade ».

L’atelier a regroupé plus de 100 personnes (54 femmes et 60 hommes) venant des Ministères, des Agences de Régulation de l’énergie dans la région de la CEDEAO, des Organisations de la Société Civile (OSC), des institutions universitaires et de recherche, des partenaires au développement, des médias et des représentants d’autres institutions de parties prenantes. En plus des sessions techniques de révision de l’étude préliminaire « Élaboration d’un Instrument Juridique pour l’Évaluation sexospécique dans la Planification des Infrastructures du secteur l’Énergie et le Développement au sein de la CEDEAO » et le projet de directive, l’atelier comportait des séances de formation sur les relations entre le genre et l’énergie et des études d’impact dans le secteur de l’énergie. Des recommandations ont été formulées à la fin de l’atelier, notamment un plan d’action, afin de faciliter l’adoption de la directive par les organes statutaires de la CEDEAO et son application au niveau national.

La Directive de la CEDEAO sur les Évaluations sexospécifiques dans les Projets Energétiques qui définit le cadre juridique de la politique de la CEDEAO pour l’Intégration du Genre dans l’Accès à l'Énergie  a été adopté par les chefs d’État de la CEDEAO à Monrovia, la République du Libéria, le 4 juin 2017.

Télécharger:

DIRECTIVE CEDEAO  SUR LES ÉVALUATIONS DE GENRE DANS LES PROJETS ÉNERGÉTIQUES

MODÈLE DE LOI/RÈGLEMENT PORTANT SUR LES ÉVALUATIONS DE GENRE DANS LES PROJETS ÉNERGÉTIQUES

NIVEAUX D'APPLICATION ET PLAN D'ACTION SPÉCIFIQUE

RAPPORT D'ATELIER

Contact

Mme Monica Maduekwe

Coordinatrice - Programme de la CEDEAO sur l’Intégration du Genre dans L’Accès à l’Énergie (ECOW-GEN)

Courriel: mmaduekwe@ecreee.org

Téléphone: +238 9809689